La Création

« Haydn est venu me voir hier, il a en tête un grand oratorio qu’il compte appeler La Création et qu’il espère finir bientôt. Il m’en a joué quelques extraits et je pense que ce sera très bien. » écrit le 15 décembre 1796 le compositeur Albrechtsberger à son ancien élève Beethoven. Vienne est alors en pleine redécouverte du genre à travers les grandes partitions de Haendel, telles La Résurrection ou Le Messie — que vous avez pu entendre ces deux dernières années sous la baguette d’Emmanuelle Haïm — qui sont régulièrement données sous le patronage de la Société des Associés du baron van Swieten. Pour ces concerts, celui-ci, mécène éclairé, commande à Mozart, à qui il avait fait découvrir l’art de Bach, un arrangement du Messie. Et c’est lui également qui adapte pour Haydn le livret de La Création à partir des premiers livres de la Bible et du Paradis perdu de Milton. La Création raconte donc les premiers instants du monde, du chaos à la lumière, la création par Dieu de la Terre, du temps, de la vie et se termine en apothéose sur la création d’Adam et Eve. Oratorio religieux donc, mais dans une vision profondément modifiée sous l’influence des Lumières et des idéaux maçonniques dans laquelle l’homme n’est plus la créature pécheresse, humble et coupable des cantiques luthériens, mais le dépositaire sur terre de l’étincelle de lumière divine qu’est la raison. Comme Mozart dans La Flûte enchantée, Haydn invente avec La Création une spiritualité profane porteuse des espoirs en une humanité libre et épanouie.

DIRECTION MUSICALE Emmanuelle Haïm

SOPRANO Camilla Tilling

TÉNOR Benjamin Hulett

BASSE Christopher Purves

HAYDN Die Schöpfung (La Création), Hob. XXI: 2