Brahms 2

« Sur la page, cela ne semblait rien du tout. Le début était simple, presque comique. Juste une pulsation — bassons et cors de basset — comme un accordéon rouillé. Et puis soudain — bien plus haut — un hautbois, une simple note, suspendue, sans bouger, jusqu’à ce que vienne la reprendre et l’adoucir une clarinette, en une phrase délicieuse. C’était une musique comme je n’en avais jamais entendue, emplie d’une telle nostalgie inextinguible, que je me mis à trembler. Il me semblait entendre la voix de Dieu. » Vous avez tous en tète cette scène du film Amadeus de Milos Forman, dans laquelle Antonio Salieri découvre la musique de Mozart dans la résidence viennoise du Prince-Archevêque de Salzbourg. Cette musique qu’il décrit en prenant la mesure du génie mozartien, et en même temps celle de sa propre médiocrité, ce sont les premières mesures de l’adagio de la Sérénade K. 361 « Gran Partita ». Musique de plein-air sans autre ambition que de divertir agréablement à la tombée du jour, elle dépasse de loin, par son équilibre, son inspiration et sa diversité l’humble fonction qu’elle devait remplir et demeure l’une des partitions les plus immédiatement séduisantes du compositeur. Le pupitre des vents des Dissonances rejoint ensuite le reste de l’ensemble pour achever le voyage brahmsien entamé en 2012. Moins tragique et tourmentée que sa sœur aînée, la Deuxième Symphonie a elle aussi quelque chose d’un sentiment de plein-air, on l’a souvent considérée comme la Pastorale du compositeur. Mais si elle fut composée dans les Alpes autrichiennes, c’est un champêtre hanté par le climat hanséatique qui l’habite, avec de sombres orages couvant sous le vent.

LES DISSONANCES

W.A. Mozart (1756-1791)

Sérénade en si bémol majeur dite « Gran Partita » K. 361 (1784)

Entracte

Johannes Brahms (1833-1897)

Symphonie n°2 en ré majeur op. 73 (1877)

I           Allegro non troppo

II        Adagio non troppo

III     Allegretto grazioso

IV     Allegro con spirito