Louis Couperin 2
Depuis le début de sa résidence à l’Opéra de Dijon, Brice Pauset caresse un rêve d’interprète : jouer en plusieurs concerts l’intégralité de l’œuvre pour clavecin de Louis Couperin, compositeur pour lequel une profonde admiration l’anime. Oncle de François, qui naîtra bien après sa mort, la postérité n’a pas toujours su lui reconnaître la place éminente qui est la sienne dans la musique du XVIIe siècle. Mort jeune, à trente-cinq ans, aucune de ses cent-trente partitions pour clavecin n’est éditée de son vivant : elles nous sont connues par deux manuscrits («Parville» et «Bauyn») sans doute copiés après sa mort et conservés respectivement à l’Université de Californie et à la Bibliothèque nationale de France. Ces pièces, qui devaient constituer des suites de danse comme c’était l’usage à l’époque, y sont groupées par genre et par tonalité. Il appartient des lors à chaque interprète de se faire son propre programme et de proposer ses Suites personnelles, selon la logique, le goût et l’intuition qui guident son approche. Brice Pauset a choisi pour sa part de terminer chaque concert par une œuvre particulièrement emblématique des audaces harmoniques du compositeur, la Pavane en fa dièse mineur, unique à plus d’un titre. Présente dans un seul des manuscrits, seule pièce composée par Couperin dans cette tonalité rare et complexe à l’époque, elle est également la plus longue, sa seule pavane et pourrait bien être — à l’image de ceux de son ami Froberger — un «tombeau» hommage à un disparu, dont le nom même est aujourd’hui oublié.
CLAVECIN Brice Pauset*
*copie d’un clavecin à un clavier de Hans Moermans,
Anvers, 1580, par Brice Pauset, Freiburg im Breisgau, 2001.