Maria João Pires

PIANOS Maria João Pires, Nathanaël Gouin

ATTENTION, CE CONCERT EST ANNULÉ !

Composées dans les dernières semaines de sa vie, les trois dernières sonates sont le chant du cygne du piano schubertien. Sans doute avait-il conscience, en y travaillant, qu’elles venaient la prendre la suite des ultimes chefs-d’œuvre pianistiques d’un Beethoven mort l’année précédente. Mais, bien plus, c’est au genre même de la sonate qu’elles semblent mettre un terme. Porté à ses sommets par les deux compositeurs viennois, devenu intimidant et trop contraint, il sera délaissé par les romantiques qui lui préféreront des formes plus libres. De ce cycle à la fois monumental et humain, le toucher subtil et sensible de Maria João Pires nous dévoile les secrets à travers la dernière sonate de la série. Saisissante et agitée, la sombre et dramatique Sonate en ut mineur est la plus violente des trois. Si l’ombre de Beethoven y plane bien souvent, les structures formelles n’y sont plus qu’un cadre temporel qui canalise un épanchement lyrique infini qui n’a d’autre loi que sa liberté créatrice. Plus insaisissable et poignante encore, la Sonate en si bémol majeur semble surgir d’un rêve. Plus ténébreux, les éclats n’y sont pourtant que passagers et se résorbent dans un sentiment que les mots peinent à rendre. S’agit-il de désespoir ou de résignation consentie ? Y a-t-il Enfer serein ou Paradis inhumain ? Jamais l’ambivalence propre à Schubert, avec ses modulations perpétuelles, n’aura été si troublante et émouvante, jamais les silences aussi lourds d’un sens qui pourtant se dérobe, jamais Schubert ne se sera adressé aussi directement au cœur.

FRANZ SCHUBERT (1797-1828)
Allegro en la mineur « Lebensstürme », D. 947 (1828)

Sonate n°19 en ut mineur D. 958 (1828)
I Allegro
II Adagio
III Menuetto : Allegro – Trio
IV Allegro

Sonate n°21 en si bémol majeur D. 960 (1828)
I Molto moderato
II Andante sostenuto
III Scherzo : Allegro vivace con delicatezza
IV Allegro ma non troppo