19
Novembre

"Le Palais enchanté" de Luigi Rossi, une création "confinée"

Une œuvre "confinée", créée à l’Opéra de Dijon 

Conformément aux déclarations du Premier Ministre, la création culturelle peut continuer de vivre à huis-clos.

Leonardo García Alarcón (directeur musical), Fabrice Murgia (metteur en scène) et toutes les équipes artistiques sont ainsi réunis à l’Auditorium de l’Opéra de Dijon pour faire renaître Le Palais enchanté de Luigi Rossi, un chef-d’œuvre jamais joué depuis sa création en 1642, à Rome !

Voici 5 choses à savoir pour comprendre ce chef-d’œuvre :

Qui est Luigi Rossi ?

Luigi Rossi est un compositeur né aux alentours de 1597 dans la région des Pouilles située au sud de l’Italie.

En 1621, il entre au service de la famille Borghese à Rome, et y restera pendant 20 ans. En 1641, il occupe un poste de musicien chez le cardinal Antonio Barberini. Ce dernier lui commande son premier opéra, Le Palais enchanté.
A partir de 1646, il entre à la cour de la régente d’Anne d’Autriche, appelé par le cardinal Mazarin qui souhaite introduire le genre lyrique à la cour de France. Il donne en 1647 son deuxième opéra, Orfeo, à Paris. Le succès est tel que l’opéra est repris cinq fois la même année ! 

Rossi est à Rome ce que Cavalli est à Venise :  
« Considérés comme les plus grands compositeurs de leur temps, […] chacun représente en quelque sorte les deux styles lyriques de la péninsule, celui du nord avec Cavalli et celui du sud avec Rossi. »
Leonardo García Alarcón, directeur musical  

Si aujourd’hui Luigi Rossi est connu pour son Orfeo ou ses cantates (il en aurait composées plus de 300 !), son premier opéra, le Palais enchanté, reste méconnu. 

"Le Palais enchanté", une commande de la famille Barberini

Le Palais enchanté est une commande du cardinal Antonio Barberini. En effet, à l’époque, les grandes familles aristocratiques de la Rome papale rivalisent par leurs richesses et leurs attachements aux Arts. Ainsi, pour faire montre de leurs splendeurs, elles font appel aux meilleurs compositeurs et aux meilleurs librettistes.

Le Palais enchanté de Luigi Rossi sera la dernière œuvre du genre présentée à Rome, le 23 février 1642. Le 29 juillet 1644, le pape Urbain VIII s’éteint et c’en est fini du règne de la famille qui a façonné la Ville Éternelle. Giovanni Battista Pamphili, membre de la famille rivale des Barberini, succède à ce dernier, sous le nom d’Innocent X : l’Espagne pieuse plane désormais sur Rome et l’opéra n’est plus de bon ton…

Le faste romain

L’opéra présenté à Venise et est en général interprété par un orchestre de petite taille. Au contraire, à Rome, les compositions de l’époque sont fastueuses. Le Palais enchanté illustre parfaitement ce faste : on y trouve musique, chant, danse, théâtre, décors, costumes et effets scéniques impressionnants pour l’époque, chœurs massifs et usage d’un orchestre conséquent (une quarantaine de musiciens)… La première représentation fait notamment intervenir 27 personnages, et dure sept heures ! Tout participe à faire du Palais enchanté une œuvre d’art totale.

Un livret inspiré d’un chef-d’œuvre de la littérature italienne

Le livret du Palais enchanté est rédigé par Rospigliosi, futur pape Clément IX. Il est une adaptation du Roland furieux de l’Arioste, épopée chevaleresque considérée comme un chef-d’œuvre de la littérature italienne. Rospigliosi donne un dramma per musica en trois actes de 2 725 vers, inspiré d’un sujet profane, une rareté à Rome.

Découvrez l’histoire en 30 secondes :  

Une nouvelle production de l’Opéra de Dijon

Le Palais enchanté de Luigi Rossi n’a jamais été joué depuis sa création en 1642. Leonardo García Alarcón et Fabrice Murgia redonnent ainsi naissance, à l’Opéra de Dijon, à une œuvre méconnue et inédite, et cela dans un contexte tout particulier. Malgré le confinement, les maisons d’opéra ont la possibilité de répéter et les artistes ont ainsi la chance de poursuivre leur travail de création.

« En réalité, ce Palazzo devient comme une sorte de métaphore de la situation extérieure ! Nous sommes ici, à l’opéra, en confinement de travail pour répéter des scènes qui mettent les personnages en confinement dans un palais qui en quelque sorte organise la distanciation sociale entre eux, les sépare, les empêche de se retrouver, de s’aimer, de s’embrasser. Cet écho, cette mise en abyme de notre situation extérieure dans l’intimité du travail de plateau est vraiment en train, je crois, d’influencer notre état d’âme dans l’interprétation. » Leonardo García Alarcón, directeur musical

« Le plus troublant est que le livret du Palazzo raconte un évènement qui s’abat sur plusieurs personnes différentes, alors que nous sommes justement en train de vivre une crise qui est un des premiers grands évènements globaux » Fabrice Murgia, metteur en scène

 

  

 

 

Coproduction : Opéra de Dijon, Opéra national de Lorraine, Théâtre de Caen, Opéra Royal / Château de Versailles Spectacles