Leipzig, début du 19eme siècle.
Friedrich Wieck, dont la fille Clara montre dès le plus jeune âge de prodigieuses dispositions pour le piano, accueille et héberge le jeune compositeur Robert Schumann. Entre les deux jeunes gens va se lier une amitié intense qui se transformera en une des plus belles histoires d’amour de l’histoire de la musique.
« Chacune de tes pensées provient de mon âme, de même que je te dois toute ma musique… », écrira Robert à Clara. Ils composent ensemble, se conseillent, chacun est le premier auditeur des œuvres de l’autre. La carrière de soliste de Clara Wieck Schumann lui permet d’interpréter en public certaines de ses compositions, mais la majorité de ses œuvres restent inconnues jusqu’à la fin du XXème siècle.
Ici nous avons choisi de jouer le deuxième quatuor de Robert Schumann, en fa Majeur, le plus lumineux des trois quatuors opus 41, ainsi que les Variations opus 20 de Clara Wieck Schumann, originalement pour piano, qui font penser par leur structure et leur tonalité au célèbre deuxième mouvement du troisième quatuor de Robert Schumann.
Berlin, même époque.
La famille Mendelssohn, descendante du célèbre philosophe de l’Aufklärung Moses Mendelssohn, vit confortablement. Les quatre enfants de la fratrie jouent de la musique, Fanny l’ainée et son jeune frère Felix montrent très tôt des dons musicaux impressionnants. Inséparables, le frère et la soeur écrivent l’un pour l’autre et ne cessent de s’influencer. Felix, repéré par Goethe alors qu’il n’a que douze ans, poursuivra une grande carrière de compositeur, alors que Fanny devra se ranger à sa condition de femme et renoncer à toute vie professionnelle. « La musique restera pour toi un ornement », déclare ainsi le père à sa fille, l’année de ses 15 ans, tandis que Felix est encouragé par les plus grands.
Fanny, mariée au peintre Wilhelm Hensel, composera quand même, sans être jouée de son vivant, et laisse notamment son quatuor à cordes en mi bémol Majeur, chef d’œuvre au même titre que les pièces de musique de chambre signées par son frère. Ces deux-là garderont malgré les aléas de la vie la complicité de leur enfance, jusqu’à la mort de Fanny, en 1847, à laquelle Felix ne survivra que quelques mois. Le Capriccio opus 81, extrait d’un recueil de quatre pièces pour quatuor à cordes, fut d’ailleurs publié après sa mort.
Les Mendelssohn et les Schumann se côtoient, à Berlin dans les après-midi musicaux que les Mendelssohn donnent tous les dimanches, puis à Leipzig où Felix est nommé directeur du Gewandhaus en 1835. Clara et Robert prénommeront un des leurs fils du prénom de leur ami.
Au cours de ce concert scénographié par Béatrice Warrand, les musiciennes du Quatuor Zaïde dévoileront une partie cachée , immergée auquel le public n’a d’habitude pas accès, leur laboratoire, dans lequel elles façonnent leur imaginaire commun.
Grâce à une mise en lumière et en espace elles joueront sur ce qui les unit , le son , le geste, le regard, le temps, l’histoire qu’elles content ensemble.
Elles dévoileront ainsi les femmes de l'ombre et les puissants liens Invisibles de l’Amour.