Così fan Tutte
Parieriez-vous sur la fidélité de vos femmes (ou de vos maris!)? Le jeu paraît dangereux, et il faut être bien téméraire pour préférer dans ce domaine la certitude, qui peut être cruelle, au doute bienfaisant et plus confortable…
C’est pourtant à cette extrémité qu’un vieux philosophe, las de leurs rodomontades, pousse ses deux amis Ferrando et Guglielmo: pendant une journée entière, ils seront à sa merci, lui obéissant en tout, afin que chacun séduise, masqué, la fiancée de l’autre. Les deux jouvencelles, d’abord drapées dans leur dignité et éplorées par le faux départ à la guerre de leur amoureux, finissent par trouver le temps long, et la cour de ces deux inconnus qui se jettent à leurs pieds, bien distrayante…
Troisième chef-d’œuvre de la collaboration entre Mozart et Da Ponte après Les Noces et Don Giovanni, Così eut longtemps à souffrir de ce sujet jugé scabreux et invraisemblable, indigne de la musique sublime de Mozart. Et pourtant, comme dans toute une tradition de la littérature du xviiie siècle (on pense à Marivaux), l’invraisemblance de la situation n’est là que pour mettre en valeur la véracité des intermittences du cœur qu’elle révèle ainsi. « Si Così est un jeu, c’est un jeu dont les divers aspects touchent chaque fois au centre de la personne humaine: le déguisement en appelle au problème de l’identité; le pari en appelle à la cruauté d’un jeu qui prend le cœur pour objet ; enfin, le contenu de l’épreuve, c’est l’amour (…) » (Dominique Jameux). C’est aussi pour Mozart le moyen de mêler plus que jamais les genres: comédie, farce, gravité, la musique s’amuse à brouiller sans arrêt les pistes dans l’ambiguïté la plus totale, triste mais narquoise, joyeuse mais désenchantée. Un masque derrière un masque derrière un masque… Après la recherche du bonheur des Noces, l’impossibilité d’aimer de Don Giovanni, la résignation aux vicissitudes du couple?
Pour la première fois, la fosse de l’Opéra de Dijon accueille Christophe Rousset et ses Talens Lyriques, sur instruments d’époque et avec leur démarche d’authenticité, pour cette production confiée à Marcial di Fonzo Bo, enfant terrible de la mise en scène, et grand habitué des masques et du travestissement.
Les Talens Lyriques
CHŒUR DE L’OPÉRA DE DIJON
DIRECTION musicale Christophe Rousset
MISE en scène Marcial Di Fonzo Bo
SCÉNOGRAPHIE Antoine Vasseur
COSTUMES Raoul Fernandez
CRÉATION LUMIÈRES Maryse Gautier
Collaboration artisitique à la mise en scène et aux costumes Florian Richaud
Assistanat aux décors Gaelle Dauphin
FIORDILIGI Sofia Soloviy
DORABELLA Sophie Harmsen
DESPINA Milena Storti
FERRANDO Sergey Romanovski
GUGLIELMO Johannes Weisser
DON ALFONSO Peter Rose