The last Brahms

Après le concert de novembre, c’est à la découverte d’un autre aspect de la clarinette « historique » que nous convient Andreas Staier et Lorenzo Copolla — à qui l’on doit un lumineux Concerto pour clarinette de Mozart avec le Freiburger Barockorchester — cette fois centré sur le répertoire germanique. Avec bien sûr au cœur de ce programme, les deux ultimes chefs-d’œuvre de musique de chambre composés par Brahms, à l’automne de sa vie, dans une sorte d’été indien de son inspiration. Car si la maîtrise du compositeur est patente à chaque mesure, tant celle de l’écriture pour les deux instruments que celle de l’architecture générale et du développement thématique qui passe presque inaperçu à force de naturel, c’est bien la poésie intense et miraculeuse de ces pièces qui étreint d’abord et touche au plus profond, retrouvant une puissance d’évocation et un paisible sentiment d’éternité que la clarinette n’avait pas connus depuis Mozart. Pour faire le pendant à ces partitions magistrales et essentielles, trois courtes pièces de Schumann, nostalgiques, feutrées et intensément lyriques introduisent par leur caractère bref et volontairement fragmentaire aux fascinantes Pièces op. 5 d’Alban Berg. Le compositeur y déploie dans une musique faite de parenthèses et de temps suspendu toute une dramaturgie instrumentale, une sorte d’énigmatique opéra sans parole où tout semble conduit par un drame dont on ignore le fin mot. Aphoristiques également — l’ensemble dure à peine six minutes — les Six Pièces pour piano seul de Schoenberg sont une quintessence émotionnelle de la modernité.

Clarinet Lorenzo Copolla

Piano Andreas Staier*

* Piano: Bechstein 1904, individual collection

Brahms Sonatas for clarinet and piano n 1 and 2, op. 120

Schumann Fantasiestücke for clarinet and piano, op. 73

Berg Four pieces for clarinet and piano, op. 5

Schönberg Six small pieces for piano, op. 19