The Quartets

En pays tchèque, dit-on, tout le monde naît avec un violon sous l’oreiller. Est-ce la raison pour laquelle les quatuors tchèques, les ensembles comme les œuvres, se hissent si souvent au plus haut niveau de ce genre exigeant ? Pour n’être pas tchèques, les membres du Quatuor Les Dissonances en ont certainement trouvé un eux aussi à leur naissance tant la musique d’Europe centrale leur est naturelle dans ses inflexions si particulières et ses brèves envolées passionnées. L’acte de naissance du Quatuor ne fut-il pas écrit en juin 2012 à l’Opéra de Dijon avec une interprétation miraculeuse et chauffée à blanc de ces deux quatuors de Janáček, perles rares issues des terres moraves, datant tous deux des dernières années du compositeur, alors que ses opéras ont durablement fait évoluer son style et exploser son caractère lyrique et dramatique. De 1923, le Quatuor « Sonate à Kreutzer », ne tire pas son nom de la célèbre sonate de Beethoven mais du livre éponyme de Tolstoï, qui raconte une histoire d’adultère et de mort qui ne pouvait que toucher la sensibilité de l’auteur de Kátia Kabanová. Et de fait, ce quatuor est un véritable opéra sans parole, où chaque instrument se fait narrateur d’un drame psychologique en usant de tous les registres de la parole, du chant au cri. Aussi personnel, sinon plus, le second Quatuor, «Lettres intimes», est le véritable encéphalogramme de la passion amoureuse que vit le compositeur avec une femme mariée, Kamila Stösslová, dont on trouve également l’écho dans Carnet d’un disparu. Comme à la même époque dans la Suite Lyrique de Berg, l’une des formes les plus strictes de la musique se transforme sous sa plume en l’expression la plus directe et exaltée de la vie et de la passion.

Les Dissonances Quartet David Grimal | David Gaillard |
Hans Peter Hoffmann | Xavier Phillips

Janáček Quartet n 1 “Kreutzer sonata” |
Quartet n 2 “Intimate letters”

Kodály Duo for violin and cello op. 7